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PHILOSPARTACUS
15 janvier 2013

Terrorisme, un concept plurivoque et une réalité

Etymologiquement, terrorisme découle du latin terror, qui signifie « terreur », qui s’oppose au terme « furor ». Le terme « terreur » est attesté depuis 1356. Depuis 1748, avec Montesquieu, le mot désigne les principes du gouvernement d’un régime despotique et, à partir de 1789 avec la révolution française, le terrorisme désigne l’ensemble de moyens de coercition politique maintenant des opposants dans un état de crainte ; spécialement, la Terreur est le nom donné au régime instauré en France entre septembre 1793 et juillet 1794, pendant lequel des mesures d’exception furent en vigueur (emploi attesté en 1793) » (Dictionnaire Historique de la langue Française, Le Robert). Partant, terroriste désigne le partisan, ou l’agent d’un régime de terreur.

Pour un superstitieux (deisidaimôn), Dieu, ou les dieux peuvent aussi être cause de terreur comme la foudre de Zeus par exemple, ou de châtier, telles les Erinyes et les Furies (les déesses de la vengeance) dans la tradition gréco-latine, qui avaient le pouvoir de terrifier les humains malfaisants. Dans le combat, notamment pendant la guerre de Troie, les dieux venaient posséder les combattants pour les mettre en furie, et semer la terreur dans le camp adverse. De cette définition étymologique, il est aisé de tirer, que terrorisme a une relation sui generis avec l’action psychologique, c’est-à-dire, le fait de mettre l’autre dans un état de terreur, de paralysie mentale, d’effroi terrible, afin de lui ôter toute résistance. Aussi, n’était pas étonnant de voir, comment dans l’histoire politique, la terreur a été employée contre les peuples pour les tenir en bride, ou maintenir des régimes absolutistes et autocratiques. On peut donc avancer que politiquement la « terreur » a été un moyen, un instrument efficace au service d’une fin, d’une cause.

D’un point de vue criminologique, force est de reconnaître que les djihadistes d’aujourd’hui ne font qu’utiliser une arme qui avait fait ses preuves dans l’histoire des régimes politiques et des révolutions. Pour illustrer nos propos, nous prendrons un exemple historique fort éloquent : le Tsar Ivan le Terrible (qui incarnait bien son nom) utilisa la terreur contre ses ennemis qui voulurent attenter à sa vie, et usurper son pouvoir. Sa réaction fut effroyable, employant une contre-terreur contre ses conspirateurs. On peut, si l’on voudrait faire une digresse ou un parallèle, projeter la même idée, sans altérer le sens de la « contre-terreur » engagée par la France aux côtés des forces maliennes contre les terroristes djihadistes. Autrement dit, contre une terreur, il est logique d’appliquer une contre-terreur. Le Mali sera inondé de troupes militaires comme dans une vraie guerre à la manière grecque. Mais, c’est une guerre juste et utile.

Si nous suivons François Géré comme guide des lieux, il est possible de faire la distinction entre terrorisme et guérilla, même si dans la guérilla urbaine (révolutionnaire) on peut judicieusement parler de stratégie de terrorisme.

De prima face, le terrorisme peut être l’amorce d’une lutte, notamment dans le cadre d’une lutte de libération, à l’instar du FLN en Algérie, ou le Viêt-Minh, etc., puis se dialectiser en guérilla qui pourra ainsi mobiliser des partisans. De ce point de vue « terrorisme et guérilla peuvent se superposer. Si la guérilla domine la stratégie générale d’une organisation, elle peut estimer avoir intérêt à lancer tactiquement une campagne d’actions terroristes. Durant les guerres du Viêt Nam, le Viêt-Minh puis le Viêt-Cong (Front national de libération) utilisèrent tous les claviers, y compris en passant quand cela paraissait possible (et parfois à tort) à la guerre conventionnelle. Les campagnes d’assassinats de chefs de village visaient à éliminer des opposants politiques mais aussi à terroriser les populations rurales et à imposer le contrôle, la coopération, à assurer aux unités de guérilla la logistique nécessaire.» (François Géré, Pourquoi le terrorisme, Larousse). Si cette considération est admise, l’amalgame ne sera plus possible quand nous définirons le terme Terrorisme, ou terrorisme djihadisme/islamiste. [Le Code Pénal français, articles 421-3 donne une définition du terrorisme en termes d’actes liés à une entreprise individuelle ou collective, et les articles 421-3-5 établissent les peines encourues].

Depuis la fin de la guerre froide, certains Etats furent désignés Etats terroristes : Iraq, Libye de l’ex Kadhafi, la Corée du Nord, aujourd’hui la Syrie. Le déterminant commun de tous ces Etats est qu’ils financent des groupes terroristes djihadistes, abritent des mouvances djihadistes, ou sont eux-mêmes « Etats terroristes ».

Lorsque l’enjeu est important, comme dans le cas malien, les groupes terroristes peuvent taire leurs différends et ne penser qu’à leur intérêt général. D’où la coalition criminelle pour engager une action d’envergure contre la ville de konna, ou à l’ouest, contre la ville de Diabali. Pour les djihadistes, il est plus avantageux de s’unir et gagner plus en termes de crime organisé que de lutter isolément contre les forces maliennes. Nous sommes donc de plain-pied dans le crime organisé, et non dans le djihadisme, qui n’est qu’un trompe-l’œil. Les terroristes djihadistes veulent asseoir matériellement et territorialement leur domination, en liquidant l’Etat malien dans tous ses fondements. S’il n’y avait pas eu cette intervention militaire des forces maliennes et françaises, on pourrait effectivement assister lâchement à l’érection d’un chef d’Etat terroriste au Mali.

Ceci étant considéré, il est aisé partant de François Géré de définir le terrorisme et ses niveaux.

Suivant François Géré, « le terrorisme peut être considéré comme un procédé ou un mode d’action, au service d’une fin utilisable par n’importe quel acteur (étatique ou non étatique, régulier ou irrégulier). Ses caractéristiques d’emploi sont :

-la rupture avec les règles de guerre communément admises ;

-l’indiscrimination de cible (action physique en rupture avec le droit et l’éthique) ;

-la surprise et la soudaineté qui concourent à produire la spectacularité (amplification à fin d’exemplarité sidérante) en captant l’attention des médias… ». Le but recherché étant de provoquer au sein d’une population et ses gouvernants un état de trouble psychologique de nature à favoriser la réalisation de leurs desseins politico-économico-idéologiques.

De ce qui précède, on peut distinguer donc deux niveaux majeurs :

-Un terrorisme de haute intensité qui recherche le maximum de dégâts matériels et humains dans une logique de guerre totale visant à atteindre un but absolu (prise du pouvoir, transformation de l’ordre du monde). Le recours à des armes de destruction massive devient concevable. Il peut être activement recherché. [Les terroristes djihadistes au Mali s’inscrivent dans cette catégorie].

-Un terrorisme  d’agression graduée. La violence physique des frappes est pondérée en fonction de l’effet final recherché, par rapport à un but très particulier. Ces frappes peuvent être massives ou au contraire strictement proportionnées, selon un principe de symétrie susceptible d’une escalade en fonction de la contre-réactive adverse.

A terme, il faut retenir la leçon de François Géré : « Pour donner une légitimité, pour constituer sa morale, le terrorisme, quel qu’il soit, se réclame toujours d’un principe supérieur qui le pousse à agir. Le nom donné à ce principe de légitimité importe finalement assez peu. Ce qui différencie les organisations, ce sont leurs objectifs concrets et leurs ennemis désignés. Les terroristes corses n’ont que faire des Etats-Unis et d’Israël. ».

Mais les terroristes djihadistes, ne masquent pas leurs objectifs :► L’Occident en général, et la France en particulier, puis les Etats démocratiques en Afrique qui n’œuvrent pas dans l’authenticité islamique. Pour la secte islamiste Boko haram : ►« tout ce qui est Occident est impie/mauvais ».

Pour approfondissement : cf. Causeries philosophiques avec le terrorisme (Editions, Edilivre).

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