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PHILOSPARTACUS
13 août 2015

Une démocratie forte, est-ce un bon modèle de markéting politique?

 

En animant conjointement un point de presse avec son homologue Guinée : Pr Alpha Condé, le Président du Niger, Mahamadou Issoufou a avancé ce qui suit : « Je ferais tout pour que le Niger soit un modèle de démocratie ». Il réitère par là, un des aspects de son discours du 2 août dernier face au peuple nigérien. Depuis plus d’un (1), la notion de « démocratie forte » est matricielle dans les déclarations du Président de la République, notamment depuis la nuit de son bilan des quatre (4) ans sur le parvis du palais présidentiel. Le Président y tient fermement. Mais est-ce que les autres (ses autres) suivront ? D’où notre préoccupation : n’y a-t-il pas in fine deux weltanschauung (vision, ou conception) de la Renaissance ?

De notre point de vue, il nous semble que le discours du Président de la République, SEM. Mahamadou Issoufou met en lumière l’engagement sans fard d’un Président qui a beaucoup de projets à réaliser pour le Niger, mais hélas il butte dans le concret (dans l’exercice efficient du pouvoir) aux volontés Méphistophéliques de ses proches, qui voient d’un autre regard le sens de la Renaissance. Re- Naissance correspondrait à leur Renaissance à eux, pour avoir longtemps bu l’eau amère de l’ancienne vie de l’opposition. Il nous semble, (sans être devin) que ce sont de tels individus qui font quotidiennement les beaux yeux au Président Issoufou, qui sabotent en catimini les œuvres du Président, qui excellent dans les actions nuisibles à la vraie Renaissance ; qui divisent les partis politiques, et les nigériens. Depuis qu’il est au pouvoir, certains qui ont connu de près le Président Issoufou, (l’excellent ami], ne le reconnaissent plus, tellement diverses fréquentations, de nouveaux compagnons ont dénaturé le Bon Prince. Ce qui lui vaut depuis lors toutes les attaques de l’opposition, et de la presse privée qui a même poussé l’enthousiasme de lui décerner un trophée en guise de reconnaissance pour sa défense de la liberté de la presse. Dans la pratique, on a pu aisément observer la métastase du Bon Prince.

Toutefois, pour l’opposition le Président Issoufou n’est plus un démiurge de la paix, mais un « CONCASSEUR » de partis politique. Ce terme : « Concasseur » est devenu un produit marketing de l’opposition, pour incriminer à tous les niveaux l’action, voire l’attitude coupable du Président qui ne reflète plus le vrai démocrate des anciennes batailles. Pour preuve, assène l’ARDR relativement à l’organisation des élections futures : « Autant les élections à venir sont importantes pour notre pays, autant leur dévoiement par Issoufou Mahamadou, et son gouvernement annonce forcément des moments difficiles et instables pour le Niger. ». Dans ce contexte, il est difficile de croire à cet engagement du Président de fonder une « démocratie forte » qui fait fi de la place et du rôle d’une opposition dans une démocratie constitutionnelle. C’est donc dire que dans la « démocratie forte » qui adviendra, l’opposition n’existera plus de fait et de jure (de droit), mais deviendra fantoche, virtuelle, une simple lapalissade.

Depuis quatre (4) ans il est très difficile d’admettre que cette « démocratie forte » qui est en marche puisse être un modèle à appliquer ailleurs, ou un modèle que les bailleurs de fonds apprécieront. Le Niger a déjà une démocratie (comme politeia) matérialisée à travers une constitution. Si cette constitution est respectée dans ses moindres compartiments, à partir de cet instant seul le peuple jugera que la démocratie est forte, car il estimera objectivement que toutes les institutions accomplissent correctement leur fonction au nom des intérêts du peuple, et pour le bonheur du peuple. En revanche quand on donne une autre lecture de la « démocratie forte », cela donne des frissons aux dos pour les citoyens clairvoyants, car démocratie + force = dictature. Telle nous semble être aujourd’hui l’inquiétude de l’opposition : une Renaissance qui s’est dénaturée en « démocratie forte », qu’elle vit constamment dans sa chair, car cette opposition subit au Niger, les souffrances de Sisyphe. Mais au sens guristique, comment faut-il comprendre « démocratie forte » ?

D’emblée précisons que le Président Issoufou Mahamadou s’auto définit comme un « démocrate courageux », qui est fort significatif dans un environnement géopolitique insécure, fort trouble, qui peut nécessiter la métastase de la démocratie, en régime politique fort. La problématique de la secte Boko Haram peut en effet faire signe vers l’usage efficient de ce concept  de « démocratie forte » appelé à un destin durable. Au sens interne, le « démocrate courageux », est celui qui ne cautionne pas la violence de « la bête », l’extériorisation des passions mauvaises, violentes de certains de nos concitoyens. Le Président fait allusion aux dernières manifestations violentes au Niger suite à la grande marche contre le terrorisme à Paris, que d’aucuns ont identifié à un blasphème contre le Prophète de l’Islam. Or, le Président Issoufou insiste qu’il fait intellectuellement le distinguo entre le nigérien rationnel, qui se conduit vertueusement, de celui qui est manipulé, poussé à la violence contre les biens privés, et aux personnes. Dans une démocratie les libertés sont sacrées : ma liberté dit-on s’arrête là où comme celle de l’autre. L’homme social, rationnel, celui dont Aristote a établi le portrait est un « animal politique », qui respecte son semblable, et les règles de vie sociale en vue du bien vivre collectif. En revanche, l’autre individu, ceux en l’occurrence qui ont précisément brûlé des Eglises, des Bars et des Hôtels, tué des innocents, semé le trouble et l’intranquillité dans la Citadelle (capitale), contre eux il est légitime d’employer la violence légitime de l’Etat. Après Le Prince de Machiavel, le Président M. Issoufou vient nous démontrer ses talents de lecteur de Max Weber, car il souscrit à la thèse de ce dernier qu’en politique : « l’Etat dispose de l’usage légitime de la violence ». Ainsi compris, toutes les fois où une manifestation est interdite, le démocrate courageux entend exercer les moyens répressifs de l’Etat. Le Président démocrate a ce nouveau rôle d’agir avec courage pour mater  à la fois l’opposition et les apparentés (société civile, et journalistes). Le message du Président était sans ambages, dans les contextes actuels où le torchon brûle partout, il a donc déduit que la Force doit fonder le Droit. Il lui faudrait dorénavant une « démocratie forte » contre n’importe quelle menace, ou trouble.

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