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PHILOSPARTACUS
14 août 2015

Politique et Philosophie: la question du bonheur

 

C’est un leurre que de croire qu’il n’y a que la POLITIQUE qui constitue la voie royale vers le bonheur (matériel), donc éphémère. Le Vrai Bonheur, doit passer partant de Descartes (1596-1650) et d’Epicure (341-270 av. J.-C.) par la droite (la vraie) philosophie. Les deux passages suivants nous permettront d’assentir sur cette possibilité du bonheur spirituel, qui passe nécessairement par l’apprentissage des connaissances, ou l’exercice constant des vertus. Nous profiterons aussi pour braquer le regard sur la pratique politique au Niger qui est incommensurablement aux antipodes de la vraie philosophie.

► Le Philosophe français René Descartes écrivait : « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la partie principale est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient l’espérance de réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. » (Principes, Préface). Que dit Epicure ? 

►Dans la traduction de Marcel Conche nous lisons ceci : « Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie. Car il n’est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour assurer la santé de l’âme. Celui qui dit que le temps de philosopher n’est pas encore venu ou qu’il est passé, est semblable à celui qui dit que le temps du bonheur n’est pas encore venu ou qu’il n’est plus. De sorte que ont à philosopher et je jeune et le vieux, celui-ci pour que, vieillissant, il soit jeune en biens par la gratitude de ce qui a été, celui-là pour que, jeune, il soit en même temps un ancien par son absence de crainte de l’avenir. Il faut donc méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et, lui absent, nous faisons tout pour l’avoir. » (Epicure, Lettres et Maximes, §122). Ce qui est matriciel chez nos deux auteurs, - outre qu’Epicure soit très lointain par rapport à Descartes qui est du XVIIe siècle-, c’est la possibilité du bonheur via l’étude de la philosophie, ou la recherche de la sagesse. Chez Epicure n’y pas d’hérésie d’identifier Sagesse et bonheur, car le sage épicurien qui sait où se trouve les ingrédients du bonheur, ne peut qu’œuvrer dans la vie de vertu, que Descartes caractérise par la Sagesse qui est le summum de la vie vertueuse. Dans la maxime V Epicure enseigne qu’ « il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre avec prudence, honnêteté e justice, < ni de vivre avec prudence, honnêteté et justice > sans vivre avec plaisir. Celui  à qui manque ce à partir de quoi vivre avec prudence, honnêteté et justice, il n’est pas possible que celui-là vive dans le plaisir ». Ainsi qu’il apparaît la vie dans la vertu d’Epicure à Descartes doit nécessairement procurer du « Plaisir » grâce aux connaissances acquises dans l’étude, et dans la connaissance de soi-même (épimeleia heauton), car les deux vont de pair dans la pensée hellénistique.

Dans les Principes, Descartes propose une définition de la philosophie qui donne la primauté à la Métaphysique dans cette zététique (recherche) de la sagesse. Dans le dit ouvrage, Descartes établit en effet que < la vraie philosophie > doit commencer par la Métaphysique qui conduit à la connaissance des Essences, ou des idées intelligibles pour employer le lexique platonicien. La place et le rôle de la philosophie comme activité (exercices spirituels dans la perspective de Pierre Hadot) sont également manifestes dans la définition du bonheur épicurien, car cette recherche du bonheur et de la sagesse commence très < tôt >, et non trop tard pour ne pas regretter le bonheur qui se vit chaque instant, quand il est accompagné du savoir philosophique. D’où l’exhortation de rechercher et de méditer sur les ingrédients du bonheur qui sont ainsi que nous le savons très faciles à se procurer partant du tetrapharmakos (le quadruple remède). Ainsi la première idée du texte de Descartes, rejoint d’un point de vue pragmatique, l’idée épicurienne du temps du bonheur : « ni trop tôt, ni trop tard ». Autrement dit, il ne faut pas différer le temps du bonheur. Se comporter autrement, c.-à-d. dans le sens contraire de ce précepte épicurien : c’est vivre parmi les hommes tel un aveugle qui a des yeux pour voir sans s’en servir.

Si nous partons du passage de Descartes, il nous semble qu’il cadre adéquatement avec l’attitude méprisante, et arrogante de certains de nos hommes politiques. Vivre politiquement, au sens où la politique est entendue comme une « vocation », une activité de professionnel ; c’est aussi apprendre à se servir de ses yeux (le bon sens, ou raison naturelle) pour méditer sur les expériences politiques. L’histoire apparemment ne sert pas de leçons à nos hommes politiques nigériens. Si nous observons de récurrents retours à la case de départ, au point où la société civile est autorisée aujourd’hui de donner une note Zéro à la conférence nationale, qui était censée « catharsiser » par la suite les mauvais comportements de nos hommes politiques et dirigeants actuels, c’est parce que nos hommes politiques qui accèdent au pouvoir continuent d’adopter la posture du dirigeant voyant-aveugle qui n’ose pas se servir de son propre entendement, d’ouvrir ses yeux sur les nouvelles réalités. D’où aujourd’hui l’abîme est profond, incommensurable entre l’ancienne classe politique issue de la conférence nationale qui ne se soucie plus du bonheur du peuple, et la nouvelle classe de citoyens(imbus de conscience citoyenne), qui aspirent à rendre le peuple dans son droit au bonheur. Cette nouvelle classe de citoyens (des jeunes pour la plupart, + de jeunes intellectuels) entend bien couper le cordon d’avec les anciennes manières archaïques, dictatoriales de gouverner le Niger, et ailleurs en Afrique. Je pense ici au mouvement citoyen : « Yen a marre ». Cette nouvelle classe de citoyens, est aujourd’hui le moteur de l’histoire, de la démocratie au Niger, en face d’une opposition qui a maille à s’opposer véritablement.

Il n’est pas exagéré d’avancer que c’est cette nouvelle classe des jeunes qui philosophe rigoureusement au sens de Descartes. Ces jeunes pensent, ils partagent conceptuellement le « cogito ergo sum » de Descartes au sens politique : < je pense, donc je suis politique >. Ils n’exigent pas une révolution du Jasmin comme au Maghreb, mais des changements notables ; que le politique se soucie une fois pour toute de leurs conditions d’existence : emploie, université moderne et de qualité : plus d’amphithéâtres, d’enseignants, Bourses d’études, qu’ils aient leur place dans les charges politiques, etc. Je n’insiste pas sur les autres dossiers brûlants qui pendent sur les épaules et la tête des guristes qui crient encore à la « main tendue ». Mais pour qui ? Le bonheur c’est pour quand ? La baisse du prix du carburant à la pompe, c’est pour quand ? La construction du petit marché ? Etc., etc.  Trop de promesses, in fine ne sont-ce pas des mensonges ? Que dire finalement de l’inquiétude M. Bazoum ? N’est-ce pas un philosophe véritablement cartésien, quand il dit en substance que : si on ([PNDS made in Guri] ne remporte pas les élections, préparez vos besaces pour la Prison. Au moins le Ministre Philosophe sait ouvrir les yeux comme le conseillait Descartes.

Pour plier cette réflexion retenons avec Epicure, que la politique n’est pas reconnue comme un bien à rechercher, à conseiller aux jeunes ; mais seulement l’activité philosophique qui conduit à la sagesse. Pour les épicuriens orthodoxes, la politique est le lieu des tracas, des mensonges, des fausses promesses, de l’insécurité, car on n’est jamais tranquille quand on est pouvoir, aussi longtemps que les autres (l’opposition) aussi désirent ce que le Prince possède. D’où les discordes, et les luttes politiques, et aujourd’hui le terrorisme djihadisme qui s’impérialise. Le sage épicurien qui a compris tous ces maux de l’activité politique, opte pour le retrait hors des affaires publiques et de la foule, et recherche la paix de l’âme que seule la vraie philosophie peut procurer en compagnie d’amis. D’où la création du Jardin (l’Ecole d’Epicure en banlieue d’Athènes). D’un mot, pour bien gouverner nos Etats en Afrique, il faut une forte cargaison de vertus, et un respect obséquieux des droits de l’homme. Gageons que cette modeste réflexion aiderait un futur Prince pour les élections présidentielles de 2016 au Niger.

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