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PHILOSPARTACUS
23 février 2013

L’utilité de l’histoire.

Si les Etats du Sahel avaient profondément « ruminé » le délitement de l’Etat et les conséquences advenues : piraterie et Shebabs, certains Etats auraient évité le terrorisme djihadiste et les prises d’otages. C’est en de telles circonstances que Polybe enseigne l’utilité de l’histoire pour les hommes politiques, les futurs dirigeants, et aussi développer dans le peuple l’intelligence des choses politiques : « Si les historiens qui m’ont précédé avaient omis de faire l’éloge de l’histoire, sans doute serait-il nécessaire d’exhorter un chacun à distinguer les ouvrages tels que celui-ci et à leur réserver un accueil favorable, en songeant que l’homme trouve dans la connaissance du passé la plus instructive des leçons. Mais cet éloge a été fait et refait et autant dire tous les auteurs en ont fait le fondement et le couronnement de leur œuvre. Ils ont souligné que l’étude de l’histoire constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action, et que d’autre part, pour apprendre à supporter dignement les renversements de fortune, l’enseignement qui produit en nous la plus vive impression ou plutôt le seul valable, c’est celui que nous apporte le récit des tribulations d’autrui ». (Polybe, Histoire, livre 1)

Pour Polybe l’histoire donne des réponses, des remèdes aux difficultés dans lesquelles pataugent aujourd’hui les Etats africains : leurs « tribulations » actuelles. Si les hommes politiques et leurs conseillers politiques replongent leurs regards dans l’histoire, il est aisé de trouver des voies et moyens pour recréer et d’adopter de nouvelles pratiques de gestion de l’Etat : Etat ordonné, bien gouverner, respectueux des lois établies, et soucieux de l’intérêt du peuple sans discrimination. De fait, si aujourd’hui les djihadistes s’autorisent à juger les modes de fonctionnement iniques des Etats démocratiques, n’est-ce pas la preuve que les Etats ont échouée à concilier dans la pratique, les principes démocratiques avec l’éthique et l’équité ?

La conséquence palpable de toutes ces décennies de mal gouvernance, de crises politiques, de coups d’Etat, etc., est la naissance d’un animal violent, qui est dans sa pleine activité, et prêt à dévorer toutes les démocraties. A rigoureusement parler, on peut admettre l’idée que ces tares consubstantielles aux Etats démocratiques, ont reconstitué, revitalisé un islamisme radical en latence.

Si nous suivons la logique de Platon en de telles matières, l’Etat doit procéder à une purification sociale : « Ainsi en effet, par exemple pour ce qui a trait à des purifications sociales, voici comment cela pourrait se faire. Parmi nombre de moyens de réaliser complètement ces purifications, il y en a de plus complaisants et il y en a de plus sévères ; et, quand c’est le même homme qui est à la fois Tyran et législateur, comme ce sont les plus sévères qui, tous, sont aussi les meilleurs, cet homme serait en mesure de purifier l’Etat. Mais quand il s’agit d’un législateur qui, sans avoir la puissance absolue d’un Tyran, fonde une organisation politique neuve, avec de nouvelles lois, alors, eût-il même recours pour la purifier aux plus douces des purifications, ce serait assez pour le contenter, d’avoir procédé de cette façon-là. Or, le moyen de purifier qui est le meilleur est, comme le sont entre les remèdes, ceux qui ont la même qualité : celui qui mène à corriger le coupable par une peine associée à une vindicte, et qui donne à cette vindicte son achèvement en mettant le criminel à mort ou en le bannissant ; car ceux qui ont commis les fautes les plus graves, comme ils sont incurables et qu’ils constituent pour l’Etat le dommage le plus grand, il est d’usage de s’en débarrasser ! Voici maintenant quelle est à nos yeux le plus douce des purifications : tous ceux qui, en raison de la pénurie de leurs moyens de subsistance, se révèlent eux-mêmes tout disposés et préparés, eux qui ne possèdent pas, à suivre les chefs qui les conduiront de ceux qui possèdent, ceux-là, considérés comme une maladie qui s’enracine dans l’Etat, le législateur leur aura, avec toute la gentillesse possible, infligé un bannissement, il s’en sera débarrassé au moyen d’un euphémisme, en appelant cela une fondation de colonie » ( Platon,  Les Lois, V, 734d-735a, Œuvres complètes II, L. Robin, M.-J. Moreau, Paris, Gallimard, 1994, p 789-790)

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