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PHILOSPARTACUS
9 mars 2013

Qu’est-ce que les Lumières à l’aune de la poussée islamiste ?

Il urge de savoir penser par soi-même.

François Géré avance une vérité importante : « Avec le terrorisme, on touche à un domaine particulier de l’action violente où l’intention de nuire l’emporte sur la nuisance elle-même. Camus, après Dostoïevski a trouvé dans Les Justes les ultimes accents humains du terrorisme, c'est-à-dire la composante éthique. Le rapport au Mal. Puis, au-delà encore, la descente vers l’essence de l’homme, jusqu’au désespoir ontologique. Celui que découvre la condition humaine d’André Malraux. A la responsabilité de faire souffrir, de tuer, de s’en prendre à celui dont on sait quand même, quelque soit la haine légitime qui vous anime, qu’il n’a effectivement rien fait. » (François Gèré, Demain la guerre, une visite guidée, Paris, Calmann-Lévy, 1997, p. 62-63)

Il nous semble que tout homme bien constitué est à même de se guider rationnellement, sans directeur de conscience, sans marabout, sans prêtre, sans gourou. Le secret est simple : il faut oser se servir de sa raison critique de son [libre arbitre] si on veut être libre dans les Etats modernes. Il est effet intolérable au XXIe siècle de continuer à se faire manipuler par des fausses vérités. Il urge de réapprendre à nos concitoyens à exercer leur autonomie, comme l’enseignait Kant : « Les Lumières c’est de sortir de la minorité où ils se trouvent par leur propre faute » (Kant, Qu’est-ce que les Lumières ? Trad. J.-M. Muglioni, Paris, Hatier, 2000, p.10). Or qu’est-ce qu’être mineur ? Pour Kant « être mineur, c’est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction d’un autre. L’homme est par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n’est pas le manque d’entendement qui en est la cause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d’un autre. Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières » (Ibid., p. 4).

Si on avait pu permettre depuis des lustres aux africains de penser par eux-mêmes, il n’y aurait pas eu à mon sens cette influence négative de l’islamisme en Afrique. Il me semble en effet qu’on fait de la mauvaise politique (vénale), sans penser à éduquer moralement, éthiquement et religieusement le peuple en Afrique. Aujourd’hui les populations sont angoissées relativement cette menace islamiste : Dieu est-il loin ? Les djihadistes ont-ils réussi leur coup d’Etat contre Dieu ? Qui faut-il finalement craindre : Dieu ou la charia ? Le chemin entre croire et adorer sans crainte est encore loin devant les Lumières de la raison. N’y a-t-il pas encore un reste de déisidaimonia (superstition) chez les musulmans ?

Il est rationnellement évident que les djihadistes sont en train de redevenir les nouveaux dieux humains comme diraient les Grecs de la période hellénistiques. Depuis le IVe siècle av. J.-C ,Aristote employait l’expression « tel un dieu parmi les hommes » qui cadre fort éloquemment avec cette nouvelle figure des djihadistes, qui se comprendrait dans les faits comme une sorte de puissance personnelle (virtu) susceptible d’emmener certains individus grâce à leurs seuls exploits de supplanter dans l’Etat le commun des mortels. Les islamistes sont parvenus à ce niveau du divin-mortel au détriment des dirigeants et des hommes politiques en place, plus procurés à voler l’Etat, à construire de belles villas, à rouler dans des véhicules derniers modèles, que d’envisager les conséquences de leurs déprédations contre la res publica, contre la bona vita, contre la sécurité de l’Etat et la vie bienheureuse.

Si on voudrait avancer une analyse rigoureuse, il est aisé d’avancer que le djihadisme est à l’identique d’un renversement de pouvoir commit contre la majesté divine. Or, toutes les fois qu’il y a renversement de pouvoir, s’installe naturellement l’appréhension des habitants de la Cité de Dieu : qu’allons devenir ? Dieu nous a-t-il abandonné comme le croyait à un moment donné Job dans la Bible ? Face à la souffrance des musulmans, face à l’insécurité induite par le djihadisme, n’importe quel musulman ne serait-il pas traversé par le doute de Job, par le doute de Descartes ?

Depuis l’occupation de type allemand que les populations du nord de Gao ont vécue, il n’y a plus de doute d’avancer que le djihadisme n’a rien à voir avec la Divinité. Dieu n’est pas responsable du djihadisme. Mieux faut-il dire, le djihadisme à court et moyen terme risque de nuire à la quintessence de la religion islamique. Car le dessein des djihadistes est clairement manifeste : provoquer l’adhésion des musulmans encore rétifs à leur cause. Au Nigeria, la secte Boko Haram est parvenue à se faire aduler comme les Robins des bois des musulmans. Or, pour les Etats du Sahel déjà mal en point : mal gouvernance, putschs militaires, crises alimentaires, rébellion, etc., une islamisation pure et dure risquerait de péricliter tous ces Etats au moyen âge de la vie politique.

Tout le mal en Afrique au Sahel en particulier vient des islamistes radicaux (salafistes radicaux) : la perte par exemple du Paris Rallye Dakar en Afrique. Et si on laisse-faire, ce sont les productions minières, les ONG, les expatriés qui risqueront de quitter l’Afrique. Eu  égard aux nouvelles réalités, force est de reconnaître que les Etats du Sahel ont urgemment besoin de « dirigeants romains » pour éradiquer le Mal (djihadistes et islamistes), ne serait-ce qu’en cette phase dangereuse des régimes démocratiques, où même les armées locales ne parviennent pas à se battre contre des drogués et des « pseudo-aguerris ».

A terme, si en Afrique on voudrait vivre, et non pas souffrir, il va falloir changer de conduites, et faire comme Job : continuer de croire en Dieu sans craindre les djihadites, les affronter par tous les moyens au nom de la démocratie et de la liberté. Un jour l'Afrique aura certainement ces Jules César.

 

 

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